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miércoles, 12 de febrero de 2020

LE TEMPS POUR VIVRE

 «Gracieux, gai, noble jour, qui me retires maintenant de mes fatigues, qui me reprends mes regards, qui me consoles mes esprits, tu leur parles, tu changes leurs peines en palmes, car tu les attires vers les jardins, vers des ombres, sur mainte douce terrasse confusément peuplée d'arbres noirs et légers que la lumière immense irrite et fait frémir. Ils palpitent de plaisir. Mes paroles intérieures se taisent, le cèdent aux cris purs des oiseaux. La mer lointaine est une coupe pleine de feu tout auprès de mon âme. Je goûte à l'horizon étincelant qui est posé sur ces feuillages, et mes regards sont des lèvres qui ne se peuvent détacher de cette chose pleine éblouissante. Les cieux, là-bas, versent la flamme sur les flots. La ferveur et la splendeur suspendues entre ciel et mer sont si intenses que le bien et le mal, l'horreur de vivre et la joie d'être, brillent et meurent, brillent et meurent, forment le calme et l'éternel.»

[Alphabet, Paul Valéry]

--- TRADUCTION ---

                    TIEMPO PARA VIVIR

  Dichoso, preclaro, gracioso día, tregua  para mis fatigas, que me devuelves la mirada, que me consuelas, me escuchas, que soliviantas mis penas, las sublimas hacia las sombras, hasta el jardín, las enarbolas, sobre esta terraza piadosa confusamente sobrepoblada de árboles leves oscuros que se estremecen bajo esta  lacerante luz inmensa, inconmensurable. Palpitan de placer. Mi voz interior cesa, se rinde ante el aullido salvaje de los pájaros. Desde lejos, el mar incendiado, acaricia mi alma. Me dejo embriagar por el centelleo ciego del horizonte que apenas besa las hojas, y mis ojos son como labios que se confunden con el fervor  de este día pleno, acabado. Arriba, el cielo, se deshace en fuego sobre las aguas. El arrebato y la soberbia suspendidos entre el cielo y el mar son tan intensos que el bien y el mal, el horror de vivir y la alegría de ser, fulguran y mueren, fulguran y mueren, engendran la paz y lo eterno.


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